Le Symptôme

Le symptôme est habituellement considéré comme quelque chose qui dérange et dont il faut se débarrasser au plus vite.
On peut remarquer que les symptômes disparaissent généralement rapidement quand on entreprend un travail psychothérapique.

Pour la psychanalyse, l'approche est radicalement différente. Le symptôme a un sens et c'est ce sens qui est à déchiffrer.
Le symptôme n'est donc pas envisagé comme "à éradiquer" mais "à déchiffrer et à comprendre", sa disparition venant de surcroit. Le psychanalyste ne se situe pas dans l'objectif de "ramener à la normale ou à la norme" mais a pour objectif de faire émerger le sujet. Il aide à se libérer des conflits dans lesquels la personne est empêtrée et qui la font souffrir.

Dans l'optique de la lecture du symptôme, celui-ci disparaît de façon définitive une fois déchiffré.
Quand on cherche à l'étouffer, le faire taire, il réapparaît sous de nouveaux travestissements, et continue à courir.

Le travail psychanalytique vise à réconcilier le sujet avec son inconscient, à le laisser émerger, se mettre à son écoute.

Plus l'inconscient est étouffé, plus il se manifeste à notre insu, pour nous gâcher la vie, à travers des manifestations symptomatiques ou de mal être et de souffrance.
Avec la psychanalyse, le non réalisé trouve une voie vers l'assomption et l'individu se rééquilibre et retrouve l'énergie qui était monopolisée pour tenir en respect l'émergence de l'inconscient.

Nous pouvons prendre un exemple avec l'agressivité comme symptôme. Elle est souvent considérée comme un phénomène anormal et fait symptôme quand elle est excessive.
Du point de vue du psychanalyste, l'agressivité, la haine et la violence, sont fondamentalement constitutives du psychisme humain. L'agressivité aide à la nécessaire séparation d'avec l'image maternelle. Quand cette séparation est impossible, c'est la violence qui lui emboîte le pas, comme dans un élan de survie.

Au tout début de la vie, la mère se branche sur son bébé, dans une naturelle indifférenciation. C'est ce qui permet à la mère de savoir ce dont il a besoin. Cette étape de symbiose est temporaire et nécessaire. La mère desserre progressivement son adaptation absolue. La satisfaction du tout petit peut être différée. Il doit apprendre à attendre et il en est capable. Ce sont les prémisses de la séparation et la possibilité pour l'enfant de s'individuer, se constituer en dehors de sa mère et s'intéresser au reste du monde. Une mère trop anxieuse n'encourage pas son enfant dans ce mouvement de séparation.

Dans un modèle classique, c'est le père aussi qui tient le rôle de tiers séparateur quand tout va bien, c'est-à-dire quand la mère investit suffisamment le père pour ne pas laisser toute la place à l'enfant. Progressivement, l'enfant n'a plus à être le centre du monde. Le père favorise la distance entre la mère et l'enfant par sa présence dans les pensées de la mère.

Les dysfonctionnements sont souvent dus à la répétition du modèle parental. Quand la mère n'est pas suffisamment détachée de sa propre mère elle reproduit la fusion avec son enfant. C'est parfois le père, et non la mère, qui est dans une position inadéquate, en fonction de sa propre histoire. Il n'est jamais facile d'être à la juste place quand on est parent.

La séparation peut être source d'angoisses phénoménales.